Florence Noiville, “Au commencement étaient
les verbes”, in Le Monde des Livres
du 17 mai 2013, au sujet de Changer d’avis (Changing My Mind) de
Zadie Smith, traduit de
l’anglais par Philippe Aronson, éd. Gallimard, 430 p.
« […] (Re)lire.
[…] Zadie Smith cite cette phrase de
Nabokov : « Assez curieusement, on ne peut pas lire un livre :
on ne peut que le relire. Un bon lecteur, un lecteur actif et créatif, est un relecteur. » […]
Habiter.
Zadie Smith parle de la manière dont relire un texte conduit à y déambuler comme dans une maison. « Les
romans que nous connaissons le mieux, possèdent une architecture, note-t-elle. Non seulement une porte qui conduit à l’intérieur
et une autre à l’extérieur, mais des chambres,
des couloirs, des escaliers, des petits jardins devant et derrière, des passages
dérobés. » Lorsqu’on pénètre dans un roman qui nous est à ce point familier,
on a parfois « le sentiment de le
posséder ». L’impression que « personne d’autre n’y a jamais séjourné ».
On fait abstraction des touristes, de tous les gens égarés là par inadvertance.
« Même l’autorité créatrice de l’architecte semble
devoir s’incliner devant la merveilleuse manière
dont nous habitons son œuvre. » […] »
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